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PORT-PRASLIN.

gner la nérite dans ses promenades terrestres, et que MM. Kip ontvu à l’ile Norfolk, si je ne me trompe…

— Vous voulez parler du blennie sauteur…, répondit M. Zieger.

— Précisément, confirma M. Hawkins.

— Eh bien, déclara M. Zieger, ils ne manquent point ici, et vous rencontrerez, dans la baie de Port-Praslin, des amphibies qui vivent sous les eaux douces et les eaux salées, qui courent sur les grèves en sautant comme une sarigue, qui grimpent aux arbrisseaux comme des insectes ! »

L’habitation de M. Zieger apparut au tournant d’une petite futaie. C’était une sorte de villa, bâtie en bois, au milieu d’un vaste enclos de haies vives, dans lequel s’alignaient des orangers, des cocotiers, des bananiers et nombre d’autres arbres. Ombragée sous leurs hautes frondaisons, Wilhelmstaf ne se composait que d’un rez-de-chaussée surmonté d’une toiture en toile goudronnée, nécessitée par la fréquence de ces pluies qui rendent très supportable le climat d’un archipel presque situé sous l’Équateur.

Mme  Zieger était une femme de quarante ans environ, Allemande comme son mari. Dès que la porte de l’enclos eut été ouverte, elle s’empressa de venir au-devant de ses invités et de ses hôtes :

« Ah ! monsieur Hawkins, s’écria-t-elle en tendant la main à l’armateur, que je suis heureuse de vous voir…

— Et moi tout autant, chère dame, répondit M. Hawkins, qui embrassa Mme  Zieger sur les deux joues. Votre dernier voyage à Hobart-Town date de quatre ans déjà…

— De quatre ans et demi, monsieur Hawkins !

— Eh bien, déclara l’armateur en souriant, malgré ces six mois de plus, je vous retrouve telle que vous étiez…

— Je ne dirai pas cela de Nat Gibson, reprit Mme  Zieger. Il est changé, lui !… Ce n’est plus un jeune garçon… c’est un jeune homme.