Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
LA MER DE CORAIL.

Dans leur cabine, Karl et Pieter Kip retrouvèrent divers objets plus ou moins détériorés, des vêtements, du linge, des ustensiles de toilette, deux paires de chaussures. Les cadres superposés contenaient encore leur literie, qui fut retirée et rapportée au canot.

Il eût été très désirable que les deux frères eussent pu remettre la main sur les papiers, surtout ceux qui concernaient le comptoir d’Amboine et la maison de Groningue. Leur disparition était de nature à gêner le règlement des affaires. Mais il n’y en avait pas trace, et la mer, en pénétrant dans la cabine, avait fait son œuvre de destruction. Il en fut de même pour une somme de mille piastres appartenant à Pieter Kip, et qui avait disparu, la petite armoire où elle était renfermée, sous le cadre inférieur, ayant été brisée dans la collision.

« Rien… rien ! » dit-il.

Tandis que l’on visitait le carré, Vin Mod, — on ne s’en étonnera pas, — poussé par ses instincts de pillage, ne cessait de fureter dans tous les coins, et, sans être aperçu, pénétra dans la cabine des deux frères.

Et c’est alors que, sous le cadre inférieur de cette cabine, où s’ouvrait le tiroir, il trouva un objet qui avait échappé aux recherches de Karl et de Pieter Kip.

C’était un poignard de fabrication malaise, un de ces kriss à dents de scie, qui s’était glissé dans l’interstice de deux planches disjointes. Cette arme, assez commune chez les indigènes du Pacifique, n’avait pas grand prix et n’eût servi qu’à compléter la panoplie d’un amateur,

Vin Mod agissait-il sous une certaine pensée en s’appropriant cette arme ?… Dans tous les cas, il saisit le kriss, le fourra sous sa vareuse sans avoir été vu, et son intention était de le cacher dans son sac, dès qu’il serait de retour à bord du brick. On peut en être assuré, si, au lieu de cette arme, il eût retrouvé