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LA MER DE CORAIL.

Le maitre d’équipage se contenta de hausser les épaules. Qu’il y eût des naufragés sur cette épave, c’était peu probable. De fait, personne n’apparaissait. S’il s’y fût trouvé un ou plusieurs hommes, à moins d’être à demi morts de souffrance, ils se seraient montrés, ils auraient fait des signaux au brick depuis longtemps déjà… et… personne.

« Le canot à la mer ; » commanda M. Gibson en se tournant vers Flig Balt.

L’embarcation fut aussitôt déhalée des portemanteaux. Trois matelots prirent place aux avirons, Vin Mod, Wickley, Hobbes. Nat Gibson embarqua avec les deux frères, et Karl Kip se mit au gouvernail.

C’était bien la partie arrière de la Wilhelmina, dont la dunette presque entière avait surnagé après l’abordage, Tout l’avant manquait, ayant vraisemblablement coulé sous le poids de la cargaison, à moins que le courant ne Veut entraîné au loin. Le mousse Jim, envoyé en tête du grand mât, cria qu’il n’apercevait aucune autre épave à la surface de la mer.

Au tableau d’arrière, encore intact, se lisaient ces deux noms :

Wilhelmina — Rotterdam.

Le canot accosta. La dunette, fortement inclinée sur le côté gauche, flottait au-dessus de cette partie de la cale réservée à la cambuse, immergée dans toute sa profondeur. Du mât d’artimon, qui traversait le carré, il ne restait qu’un tronçon de deux ou trois pieds, brisé à la hauteur des taquets, et d’où pendaient quelques bouts de drisses. Plus rien du gui arraché dans la collision.

D’ailleurs, il serait facile de pénétrer dans la dunette. La porte en était défoncée, et la houle en se gonflant la balayait à l’intérieur.

Ce qu’il y avait à faire, c’était donc de prendre pied sur