Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
LES DEUX FRÈRES.

seconde, à se donner des liens nouveaux qui les eussent séparés peut-être. C’était déjà trop que le père fût en Hollande, Karl en cours de navigation, Pieter aux Moluques, Quant à celui-ci, intelligent, ayant le sens du négoce, il se consacrait entièrement aux affaires. Son associé, Hollandais comme lui, s’appliquait à les développer. Ne désespérant pas d’accroître le crédit de la maison Kip, il n’y épargnait ni son temps ni son zèle.

À la mort de M. Kip, Karl était dans le port d’Amboine à bord d’un trois-mâts hollandais de Rotterdam, sur lequel il remplissait les fonctions de second. Les deux frères furent douloureusement frappes de ce coup, qui les privait d’un père pour lequel ils éprouvaient une profonde affection. Et ils ne se trouvaient pas même là pour recueillir ses dernières paroles, son dernier soupir ! Alors cette résolution fut prise entre les deux frères : Pieter se séparerait de son associé d’Amboine, et reviendrait à Groningue diriger la maison paternelle.

Or, précisément, le trois-mâts Maximus, sur lequel Karl Kip était venu aux Moluques — navire déjà vieux, en mauvais état — fut déclaré impropre au voyage de retour. Très éprouvé par des mauvais temps pendant sa traversée entre la Hollande et les îles, il n’était plus bon qu’à démolir. Aussi son capitaine, ses officiers, ses matelots devaient-ils être rapatriés en Europe par les soins de la maison Hoppers, de Rotterdam, à laquelle il appartenait.

Or, ce rapatriement allait exiger, sans doute, un séjour assez prolongé à Amboine, s’il fallait attendre que l’équipage pût embarquer sur quelque bâtiment à destination de l’Europe, et les deux frères avaient hâte d être revenus à Groningue.

Karl et Pieter Kip décidèrent donc de prendre passage sur le premier navire en partance, soit d’Amboine, soit de Ceram, soit de Ternate, autres îles de l’archipel des Moluques.