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LES FRÈRES KIP

— Des Hollandais.

— Naufragés ?…

— Naufragés de la goélette Wilhelmina

— Seuls sauvés ?…

— Seuls, ou du moins, après le naufrage, seuls arrivés sur cette côte… »

Au ton suspensif de ces derniers mots, il fut évident que cet homme ignorait s’il avait trouvé refuge sur un continent ou sur une île.

Le grappin du cahot fut envoyé à terre, et, quand un des matelots l’eut ajusté dans un creux de roche, M. Gibson et ses compagnons débarquèrent.

« Où sommes-nous ?… demanda le plus âgé.

— À l’île Norfolk, répondit le capitaine.

— L’île Norfolk », répéta le plus jeune.

Les naufragés apprenaient alors en quel endroit ils se trouvaient : une île isolée de cette portion de l’ouest du Pacifique. Ils y étaient seuls, d’ailleurs, de tous ceux que la goélette hollandaise comptait à son bord.

Sur la question de savoir ce qu’était devenue la Wilhelmina, si elle avait péri corps et biens, ils ne purent répondre d’une façon formelle à l’interrogatoire de M. Gibson. Quant aux causes du naufrage, voici ce qu’ils racontèrent :

Quinze jours avant, la goélette avait été abordée pendant la nuit, — ce devait être à trois ou quatre milles dans l’est de l’ile Norfolk.

« En sortant de notre cabine, dit l’aîné des deux frères, nous avons été entraînés dans un tourbillon… La nuit était obscure et brumeuse… Nous nous sommes accrochés à une cage à poules qui, heureusement, passait à notre portée… Trois heures après, le courant nous portait au banc de corail et nous avons gagné cette cote à la nage…