Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
LES FRÈRES KIP

Nat Gibson, monté sur le rouf, sa longue-vue aux yeux, la promenait vers la côte. Il fut le premier à s’écrier :

« Il est là… ou plutôt… ils sont là !…

— Plusieurs hommes ?… demanda l’armateur.

— Deux, monsieur Hawkins. »

Celui-ci prit la longue-vue à son tour :

« Oui, s’écriait-il, et ils nous font des signaux… en agitant un morceau de toile au bout d’un bâton ! »

L’instrument passa aux mains du capitaine, qui constata la présence de deux individus debout sur les dernières roches à l’extrémité de la pointe. Le brouillard, dissous alors, permettait de les distinguer même à l’œil nu. Qu’il y eût là celui des deux hommes que Nat Gibson avait aperçu la veille, cela ne pouvait plus faire l’objet d’un doute,

« Le grand canot à la mer ! » commanda le capitaine.

Et, en même temps, par son ordre, Flig Balt hissa le pavillon britannique à la corne de brigantine en réponse aux signaux. Si M. Gibson avait dit de parer le grand canot, c’était en cas qu’il y eût à embarquer plus de deux personnes. Il était possible, en effet, que d’autres naufragés se fussent réfugiés sur l’ile, en admettant qu’ils appartinssent à l’équipage de la Wilhelmina. Il y avait même lieu de souhaiter que tous eussent gagné cette côte après avoir abandonné la goélette.

L’embarcation descendue, le capitaine et son fils y prirent place, celui-ci à la barre. Quatre matelots se mirent aux avirons. Vin Mod était parmi eux, et, au moment où il enjambait la lisse, il fit au maître d’équipage un geste qui témoignait de son irritation.

Le canot se dirigea vers le banc de corail, La veille, en pêchant le long de ce banc, Nat Gibson avait remarque une étroite ouverture qui permettrait de franchir la barrière îles récifs. Jusqu’à la pointe il ne resterait plus qu’une distance de sept à huit encablures.