Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.


VII

les deux frères.


Au lever de l’aube, une brumaille assez dense couvrait l’horizon de l’ouest. Du littoral de l’île Norfolk on distinguait à peine la ligne rocheuse. Sans doute, ces vapeurs ne tarderaient pas à se dissiper. La cime du Pitt-Mount se montrait au-dessus de ce brouillard, déjà baignée des rayons du soleil.

Au surplus, le ou les naufragés ne devaient pas être inquiets. Bien que le brick fût encore invisible, n’avaient-ils pas entendu et aperçu pendant la nuit ses signaux en réponse aux leurs ?… Le navire ne pouvait avoir quitté son mouillage, et, dans une heure, son canot serait envoyé à terre.

Du reste, avant de mettre une embarcation à la mer, M. Gibson préférait, non sans raison, que la pointe se fût dégagée des brumes. C’était là que le feu avait été allumé, c’était là que se montreraient les abandonnés qui réclamaient l’assistance du James-Cook. Évidemment, ils ne possédaient pas même une pirogue, car ils seraient déjà venus à bord.

La brise du sud-est commençait à s’établir. Quelques nuages, allongés sur la ligne du ciel et de l’eau, indiquaient que le vent fraîchirait dans la matinée. Sans le motif qui le retenait sur son ancre, M. Gibson eût donné des ordres pour l’appareillage.

Un peu avant sept heures, le pied du banc coralligène, le long duquel écumait un ressac blanchâtre, se dessina sous la brume. Les volutes de vapeurs roulèrent les unes après les autres, et la pointe apparut.