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EN VUE DE L’ÎLE NORFOLK.

de jour… C’est le bon moment, et je serai toujours en vue du brick. »

Il n’y avait aucun inconvénient à satisfaire le désir du jeune homme. Deux matelots et lui suffiraient pour tendre des lignes à l’accore des bancs de corail. Ces eaux étant très poissonneuses, ils ne reviendraient pas sans avoir fait bonne pêche.

D’ailleurs, M. Gibson crut devoir mouiller à cette place. Le courant portant plutôt vers le sud-est, il envoya son ancre avec trente-cinq brasses de chaîne sur un fond de sable.

Le canot paré, Hobbes et Wickley se disposèrent à accompagner Nat Gibson. C’étaient, on ne l’ignore pas, deux honnêtes marins auxquels le capitaine pouvait se fier.

« Va donc, Nat, dit-il à son fils, et ne t’attarde pas jusqu’à la nuit…

— Je te le promets, père.

— Et rapporte-nous une bonne friture pour le déjeuner de demain, ajouta M. Hawkins… et aussi un peu de brise, s’il en reste encore sur la côte ! »

L’embarcation déborda et, sous la vigoureuse poussée des avirons, elle eut bientôt franchi les deux milles qui séparaient le brick des premières roches coralligènes.

Des ligues furent mises dehors, Nat Gibson n’avait pas eu besoin de lancer son grappin sur les récifs. Pas de courant, pas même de ressac. Le canot demeura stationnaire, dès que les avirons eurent été rentrés.

Du côté de l’île, les bancs s’étendaient à un demi-mille environ, et, par conséquent, moins que dans le sud, direction des îles Philips, et bien que la côte ne fût plus éclairée par le soleil, que cachaient les masses du Pitt-Mount, le regard en pouvait distinguer les détails : étroites grèves entre les roches de calcaire jaunâtre, criques fermées, pointes rocheuses, nombreux rios s’écoulant vers la mer,