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le volcan d’or.

fabuleux milliardaires et les jeunes passagères du Foot Ball ?

Rien de plus simple que d’obtenir réponse à cette question. La glace était rompue, maintenant, et ce n’est pas aux environs du cercle polaire qu’on s’embarrasse des prescriptions du protocole mondain. Aussi, moins d’une heure après la première entrevue, Ben Raddle abordait-il Jane Edgerton et reprenait-il son enquête, en procédant par interrogations directes.

Les réponses ne se firent pas attendre. Oui, Edith et Jane Edgerton étaient bien les filles des deux « Rois du Coton », comme on avait jadis appelé leurs pères. Âgées de vingt-deux ans, dépourvues de la moindre parcelle de cet or que ceux-ci avaient remué à la pelle, elles étaient seules, sans famille, orphelines, leurs mères étant mortes depuis longtemps, et les deux frères Edgerton ayant péri, six mois plus tôt, le même jour, dans un accident de chemin de fer.

Tandis que Ben interrogeait et que Jane répondait, Edith et Summy gardaient symétriquement le silence. Plus timides, peut-être, d’allure en tous cas moins décidée, ils semblaient vraiment se faire pendant de part et d’autre des deux interlocuteurs.

« Y aurait-il indiscrétion, miss Edgerton, continua Ben Raddle poursuivant la conversation, à vous faire part de l’étonnement que nous avons éprouvé, mon cousin et moi, en vous apercevant à bord du Foot Ball, et à vous demander dans quel but vous avez entrepris ce long et pénible voyage ?

— Nullement, répondit Jane Edgerton. Un ancien médecin de mon oncle, le docteur Pilcox, nommé récemment directeur de l’hôpital de Dawson City, a offert une place d’infirmière à ma cousine Edith, qui a accepté tout de suite et s’est mise en route sans tarder.

— Pour Dawson City !

— Pour Dawson City.

Les regards des deux cousins, celui de Ben Raddle, toujours calme, celui de Summy Skim, troublé par un commencement d’étonnement, se portèrent vers la blonde Edith, qui supporta