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le volcan d’or.

que le Texien Hunter et son âme damnée Malone. Chaque fois qu’ils se décidaient à abandonner leur table de jeu pour venir sur la dunette respirer hâtivement un peu d’air, ils en donnaient une preuve nouvelle. Se poussant réciproquement du coude, échangeant des coups d’œil blessants, agrémentés d’insinuations plus ou moins offensantes proférées à haute et intelligible voix, ils tournaient autour des deux sœurs, qui ne semblaient pas, d’ailleurs, s’apercevoir de leur existence.

Souvent, Ben Raddle et Summy Skim avaient assisté à ce manège, et le désir ne leur manquait pas d’intervenir. Mais de quel droit l’eussent-ils fait ? À tout prendre, Hunter et Malone ne dépassaient pas les limites tolérables dans un pareil milieu, et les objets de leur grossière assiduité n’avaient réclamé le secours de personne.

Les deux cousins se bornaient donc à surveiller de loin leurs futurs voisins de Forty Miles Creek, mais en désirant sans cesse davantage qu’un hasard leur permît de faire connaissance avec les jeunes passagères.

L’occasion ne s’en présenta que le quatrième jour de la traversée. À l’abri de l’île de la Reine Charlotte, le Foot Ball naviguait alors dans des conditions moins dures, sur une mer que ne troublaient plus les houles du large. Du côté de la terre, se succédaient des fjords comparables à ceux de la Norvège et qui devaient évoquer maints souvenirs du pays chez le compagnon de cabine de Summy Skim et de Ben Raddle. Autour de ces fjords se dressaient de hautes falaises, boisées pour la plupart, entre lesquelles apparaissaient, sinon des villages, du moins des hameaux de pêcheurs et, souvent, quelque maisonnette isolée, dont les habitants, d’origine indienne, vivaient de la chasse et de la pêche. Au passage du Foot Ball, ils venaient vendre leurs produits qui trouvaient facilement acquéreurs.

Si, en arrière des falaises, à une distance assez reculée, des montagnes profilaient leurs crêtes neigeuses à travers le brouillard, du côté de l’île de la Reine Charlotte on n’apercevait que