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un fâcheux voisinage.

« Eh mais ! c’est ce damné Hunter. Voilà qui nous promet du bruit dans les tripots ce soir, s’il ne quitte dès aujourd’hui Vancouver !

— Tu vois, Ben, fit Summy à son cousin, je ne m’étais pas trompé. C’est une célébrité, ce particulier-là.

— Oui, accorda Ben, il est très connu…

— Et pas à son avantage !

— Sans doute, expliqua Ben Raddle, un de ces aventuriers qui vont en Amérique passer la mauvaise saison et qui retournent au Klondike à l’époque favorable pour recommencer une nouvelle campagne. »

Hunter revenait, en effet, du Texas, son pays d’origine, et si son compagnon et lui arrivaient ce jour-là à Vancouver, c’était effectivement avec l’intention de continuer plus au Nord, à bord du premier paquebot en partance. Tous deux, métis hispano-américains, trouvaient, dans ce monde si mêlé des chercheurs d’or, le milieu qui convenait précisément à leurs instincts violents, à leurs mœurs révoltantes, à leurs passions brutales, à leur goût pour l’existence irrégulière où tout est donné au hasard.

En apprenant que le Foot Ball n’était pas arrivé et ne pourrait, selon toute vraisemblance, reprendre la mer avant trente-six ou quarante-huit heures, Hunter se fit conduire à Westminster Hôtel où les deux cousins étaient descendus six jours plus tôt. Summy se trouva nez à nez avec lui, en pénétrant dans le hall de l’hôtel.

« Décidément, c’est une gageure », bougonna Summy entre ses dents.

C’est en vain qu’il s’efforça de vaincre la désagréable impression que lui laissait sa rencontre avec ce triste personnage. Il avait beau se dire que ce Hunter et lui, noyés dans la foule immense des émigrants, avaient des milliers de chances de ne plus se retrouver face à face, quelque chose l’imposait à son esprit.