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le volcan d’or.

coiffées de leur calotte de neige. Au milieu de ces solitudes glacées régnait le « silence of all life », que troublait seul le halètement de la locomotive.

À mesure que le train gagnait vers l’Ouest, des régions s’ouvraient devant lui, non point riches en terres fertiles, auxquelles le travail assure les beaux rendements d’un sol que la production n’a pas encore épuisé. Non !.. C’étaient des territoires de Kootaway, ces Gold Fields du Cariboo, où l’or fut rencontré et se rencontre abondamment encore, tout ce réseau hydrographique qui roule des paillettes du précieux métal. Il y avait même lieu de se demander pourquoi les prospecteurs ne fréquentaient pas plus assidûment un pays qu’il était aisé d’atteindre, au lieu d’affronter les fatigues d’un lointain voyage au Klondike, sans parler des dépenses excessives qu’il exige.

« En vérité, fit observer Summy Skim, c’est bien dans ce Cariboo que l’oncle Josias aurait dû venir tenter la fortune !.. Nous serions arrivés maintenant… Ce qu’aurait valu son exploitation, nous le saurions à l’heure présente ! Nous en aurions fait argent dans les vingt-quatre heures, et notre absence n’aurait pas duré plus d’une semaine !..

Summy Skim avait raison. Mais il était sans doute écrit sur le grand livre de sa destinée qu’il s’aventurerait jusqu’à cette terrifiante région du Klondike, et pataugerait dans les boues du Forty Miles Creek.

Et c’est pourquoi le train continuait sa route, entraînait Summy Skim toujours plus loin de Montréal et de Green Valley, l’emportait vers la frontière littorale de la Colombie, et finalement, sans qu’aucun incident eût troublé, le voyage, le déposait, le 8 avril, à côté de son cousin Ben Raddle, sur le quai de la gare de Vancouver.