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le volcan d’or.

— Mais pourquoi s’en aller là-bas, not’ maître ? demanda la doyenne de la ferme.

Et alors Summy Skim d’expliquer comment son cousin et lui venaient d’hériter d’un claim après la mort de leur oncle Josias Lacoste, et pour quelles raisons Ben Raddle estimait leur présence nécessaire au Klondike.

— Oui, reprit le vieux, nous avons entendu parler de ce qui se passe à la frontière du Dominion, et surtout des misères de tant de pauvres gens qui succombent à la peine ! Enfin, monsieur Summy, il n’est point question que vous restiez dans ce pays, et, lorsque vous aurez vendu votre tas de boue, vous reviendrez…

— Croyez-le bien, mes amis ! Mais, en attendant, cinq à six mois s’écouleront, et la belle saison sera à son terme !.. C’est un été que je vais perdre !..

— Et, été perdu, hiver plus triste encore ! ajouta une vieille, qui se signa et dit :

« Dieu vous protège, not’ maître ! »

Après une semaine passée à Green Valley, Summy Skim pensa qu’il était temps de rejoindre Ben Raddle. Ce ne fut pas sans émotion, une émotion partagée de tous, qu’il prit congé de ces braves gens. Et songer que, dans quelques semaines, le soleil d’avril se lèverait sur l’horizon de Green Valley, que, de toute cette neige, sortiraient les premières verdures du printemps, que, sans ce maudit voyage, il serait revenu, comme il le faisait chaque année, s’installer dans ce pavillon jusqu’au retour des premiers froids de l’hiver ! Pendant ces huit jours, il avait confusément espéré qu’une lettre de Ben Raddle arriverait à Green Valley et lui apprendrait qu’il n’y avait pas lieu de donner suite à leurs projets. Mais la lettre n’était pas venue… Rien n’était changé… Le départ s’effectuerait à la date fixée… Aussi Summy Skim dut-il se faire conduire à la gare, et, le 31 mars, dans la matinée, il était à Montréal en face de son terrible cousin.