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en route.

Summy Skim aurait pu répondre qu’en tout cas ce temps-là vaudrait celui du Klondike. Mais il préféra s’abstenir, et se contenta d’affirmer qu’il aurait grand plaisir à se retrouver pendant quelques jours au milieu de ses fermiers, à revoir ses champs, même blancs de neige, les belles forêts toutes chargées de givre, les rios cuirassés de glace et la masse solidifiée des embâcles du Saint-Laurent. Et puis, par les grands froids, l’occasion ne manque point au chasseur d’abattre quelque superbe pièce, poil ou plume, sans parler des fauves, ours, pumas ou autres, qui rôdent aux environs. C’était comme un adieu que Summy Skim voulait adresser à tous les hôtes de la région…

— Tu devrais m’accompagner, Ben, dit-il.

— Y penses-tu ? répondit l’ingénieur. Et qui s’occuperait des préparatifs de départ ? »

Dès le lendemain, Summy Skim prit le chemin de fer, trouva à la gare de Green Valley un « stage » bien attelé, et, dans l’après-midi, descendit à la ferme. Comme toujours, Summy Skim se montra très sensible à l’affectueux accueil qu’il y reçut. Mais, lorsque les fermiers connurent le motif d’une si précoce visite, lorsqu’ils apprirent que tout l’été se passerait sans que leur maître fût avec eux, ils ne cachèrent point le chagrin que leur causait cette nouvelle.

« Oui, mes amis, dit Summy Skim, Ben Raddle et moi nous allons au Klondike, un pays du diable, qui est à tous les diables, si loin qu’il ne faut pas moins de deux mois, rien que pour y arriver et autant pour en revenir.

— Et tout cela pour ramasser des pépites ! dit un des paysans en haussant les épaules.

— Quand on en ramasse, ajouta un vieux philosophe, qui secoua la tête d’un air peu encourageant.

— Que voulez-vous, mes amis, dit Summy Skim, c’est comme une fièvre, ou plutôt une épidémie, qui, de temps en temps, traverse le monde, et qui fait bien des victimes !