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un règlement de comptes.

sant que son malheureux cousin. Certes, s’il en était ainsi, Summy Skim saurait s’effacer… mais quelle douleur serait la sienne !

« Avec qui ? répéta-t-il d’une voix si pleine de larmes que le rire de Jane en fut arrêté.

— Mais avec vous, monsieur Skim, dit-elle. Cela va de soi. À quoi bon ?..

Elle n’eut pas le temps d’achever.

Summy s’était précipité. Il l’avait enlevée comme une plume dans ses grands bras, et maintenant, il l’emportait dans une sarabande effrénée, en l’embrassant de tout son cœur. Jane avait beau se débattre et se défendre, Summy, éperdu, ne sentait plus les coups. C’est seulement lorsque, hors d’haleine, il dut s’écrouler dans un fauteuil en soufflant comme un phoque, qu’il se résigna à lâcher son léger fardeau.

« Grand fou ! fit Jane ni fâchée, ni rieuse, en rajustant sa coiffure dont l’harmonie était gravement compromise.

Sans paraître s’occuper de Ben Raddle qui regardait Edith en silence, ni de sa cousine dont les yeux restaient obstinément baissés, Jane reprit sa phrase interrompue par le délire de Summy :

« À quoi bon demander ce qu’on sait d’avance ? Il est aussi clair que je me marie avec vous, monsieur Skim, que M. Raddle épouse ma cousine.

Les paupières d’Edith battirent légèrement.

— Confirmez-vous, miss Edith, ce que vient de dire votre cousine ? demanda Ben Raddle d’une voix un peu tremblante.

Pour toute réponse, la jeune fille montra son clair regard et d’un geste loyal tendit la main.

L’enthousiasme de Summy Skim ne connut plus de bornes. Agité, trépidant, exhilarant, bousculant, renversant les meubles sur son passage, il se mit à parcourir la pièce en tous sens.

— Qu’est-ce que nous faisons là ? disait-il. Puisque nous