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où l’on se fait sauter.

rochers qui s’y trouvaient entassés par centaines. Bientôt, ces blocs pesants furent poussés jusqu’au bord et commencèrent à tomber en avalanche, brisant, renversant les arbres, saccageant tout sur leur passage. Quelques-uns de ces terribles projectiles roulèrent même dans le canal, en faisant jaillir l’eau hors des berges. Ben Raddle et ses compagnons s’étaient rangés contre le flanc du mont, afin d’éviter cette grêle meurtrière.

Dans le petit bois, la place n’était plus tenable. Déjà le campement disparaissait sous l’amoncellement des blocs précipités du haut de la montagne, et son personnel avait cherché refuge sur la rive du rio, trop éloignée pour recevoir les éclats de l’avalanche.

Du matériel, il ne restait guère que des débris. Deux des chariots avaient été brisés, les tentes abattues et déchirées, les ustensiles détruits. Trois mules assommées gisaient sur le sol. Les autres, épouvantées, affolées, avaient franchi d’un bond le canal et se dispersaient à travers la plaine. C’était une véritable catastrophe.

De là-haut venaient des hurlements farouches, cris de joie de la bande qui s’excitait à cette abominable extermination. Et les roches de tomber toujours, se heurtant parfois au cours de leur chute, et se brisant en fragments qui s’éparpillaient comme de la mitraille.

— Mais ils vont donc nous jeter toute la montagne sur la tête ! s’écria Summy Skim.

— Que faire ? demanda le Scout.

— Ce qu’il faut faire, je ne sais, répliqua Summy Skim, mais je sais bien ce qu’il fallait faire ! Envoyer une balle à Hunter avant de parlementer avec lui !

Jane Edgerton, très énervée, haussa les épaules.

— Ce sont des mots, dit-elle, et pendant ce temps notre matériel est réduit en miettes. Il n’en restera bientôt plus rien si nous ne sauvons pas au moins ses débris. Traînons nos chariots jusqu’au rio où ils seront hors d’atteinte.