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XIV

OÙ L’ON SE FAIT SAUTER.


La deuxième attaque avait donc été repoussée comme la première, et avec un succès plus grand. Pas un seul des Canadiens ne manquait à rappel, alors que la troupe assaillante avait perdu le quart de son effectif.

Toutefois, si la situation s’était améliorée, il s’en fallait qu’elle fût devenue brillante. Les forces en présence demeuraient fort inégales, et, d’ailleurs, on ne pourrait considérer la victoire comme acquise qu’après avoir purgé la région du dernier des bandits qui l’infestaient. Jusque-là, le soin de la défense absorberait toute l’attention de la caravane et il serait impossible de se livrer en sécurité à aucun travail de prospection ou d’exploitation.

Ce résultat serait-il obtenu en temps voulu ? Faudrait-il, au contraire, s’épuiser en de stériles combats et n’obtenir la victoire qu’au moment où la proximité de l’hiver la rendrait inutile ? Dans trois semaines, on serait dans la nécessité de partir, si l’on voulait échapper à la mauvaise saison, à ses tourmentes, ses neiges, ses blizzards, si l’on voulait, après avoir vaincu l’attaque des hommes, éviter celle de la nature plus implacable et plus farouche encore.

Et pourtant, sous prétexte de gagner du temps, Ben Raddle devait-il, tant que les Texiens seraient là, donner suite à son projet de provoquer l’éruption, en précipitant les eaux du rio dans le cratère ? Hunter, maître du sommet du volcan, ne recueillerait-il pas seul alors le fruit de tant de peines et de tant d’efforts ?

Ben Raddle ne cessa d’agiter ces questions pendant toute la journée du 22 juillet qu’aucun incident ne vint troubler.