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une chasse à l’orignal.

heures, conformément à leur promesse, ils le seraient à sept ou huit, voilà tout, c’est-à-dire longtemps avant la nuit close.

Summy Skim et Neluto ne s’attardèrent pas, d’ailleurs, à ces réflexions. Ils couraient aussi rapidement que leurs forces le permettaient, sans penser à autre chose, sans même essayer de rappeler leur chien.

Le temps écoulé, ils en avaient perdu toute notion. La fatigue, ils ne la sentaient pas. Summy Skim oubliait où il se trouvait. Il chassait sur ces territoires de l’Extrême-Nord comme il eût chassé aux environs de Montréal.

Une ou deux fois, Neluto et lui se crurent sur le point de réussir. Quelques andouillers s’étaient montrés au-dessus des buissons, à moins de cinq cents pas. Mais les agiles animaux ne tardaient pas à disparaître, et l’occasion ne se présenta pas de leur envoyer un coup de fusil à bonne portée.

Plusieurs heures s’écoulèrent dans cette vaine poursuite, puis l’affaiblissement des aboiements de Stop prouva que les orignals gagnaient de l’avance. Enfin ces aboiements cessèrent, soit que le chien fût trop éloigné, soit que, époumoné par une si longue course, il ne fût plus capable de donner de la voix.

Summy Skim et Neluto s’arrêtèrent à bout de forces et tombèrent sur le sol comme des masses. Il était alors quatre heures du soir.

« Fini ! dit Summy Skim, dès qu’il fut en état de parler.

Neluto hocha la tête en signe d’assentiment.

— Où sommes-nous ? reprit Summy Skim.

L’Indien fit un geste d’ignorance et regarda autour de lui.

Les deux chasseurs se trouvaient au bord d’une assez large clairière que traversait un petit rio allant sans doute rejoindre dans le Sud-Ouest un des affluents de la Porcupine River. Le soleil l’éclairait largement. Au delà, les arbres se pressaient les uns contre les autres, comme pour interdire le passage.

— Il faut nous remettre en route, dit Summy Skim.