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une chasse à l’orignal.

« C’est ce qui pouvait nous arriver de plus heureux, s’écria Summy Skim. En plaine, nous n’aurions pu les approcher à portée de fusil. Dans la forêt, il leur sera impossible de détaler aussi vite ; nous parviendrons peut-être à les rejoindre, et cette fois… »

Que ce raisonnement fût juste ou non, il n’en aurait pas moins pour résultat d’entraîner les chasseurs à travers une forêt dont ils ne connaissaient pas l’étendue, et qui leur était complètement inconnue.

Stop les avait précédés. Il avait bondi entre les arbres. Ses aboiements s’entendaient encore, mais on ne le voyait déjà plus.

Sa souplesse lui permettant de passer partout, il gagnait maintenant sur les orignals, que leurs longs andouillers devaient gêner pour franchir les halliers et les buissons. Il n’était pas impossible, dans ces conditions, que l’on parvînt à les forcer.

Les deux chasseurs, engagés sous ces épaisses ramures et uniquement guidés par la voix du chien, s’y épuisèrent deux heures durant. Emportés par une passion irraisonnée, ils s’en allaient à l’aventure, s’enfonçant de plus en plus dans l’Ouest, sans se demander s’ils n’éprouveraient pas quelques difficultés à retrouver leur chemin, quand il s’agirait de revenir.

La forêt était de moins en moins épaisse à mesure qu’on s’éloignait de la lisière. C’étaient toujours les mêmes arbres : bouleaux, trembles et pins, mais plus espacés, et jaillissant d’un sol mieux dégagé de racines et de broussailles.

S’ils n’apercevaient pas les orignals, Stop, en tous cas, n’avait pas perdu la piste. Ses aboiements persistaient. Il ne devait même pas être loin de son maître.

Summy Skim et Neluto s’aventuraient toujours plus avant dans les profondeurs des bois, lorsque, un peu après midi, la voix du chien cessa de parvenir à leurs oreilles.

Ils se trouvaient alors dans un espace vide où pénétraient librement les rayons du soleil. À quelle distance étaient-ils de la