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une chasse à l’orignal.

Bien qu’il y manquât le piment du danger, puisqu’on n’avait pas affaire à des fauves, jamais Summy Skim — il en fit plus tard l’aveu — n’avait ressenti pareille émotion. Son cœur battait à coups précipités, sa main tremblait et il craignait de ne pouvoir tirer juste. Vraiment, s’il manquait une pareille occasion d’abattre l’orignal tant convoité, il n’aurait plus qu’à mourir de honte !

Summy Skim et Neluto s’approchaient sans bruit à travers les herbes, à la suite l’un de l’autre. Quelques minutes de cette silencieuse reptation les amenèrent à moins de soixante pas de l’endroit où stationnaient les ruminants. Ils étaient à portée. Stop, maintenu par Neluto, haletait, mais n’aboyait pas.

Les orignals ne paraissaient pas se douter de l’approche des deux chasseurs. Ceux qui étaient étendus sur le sol ne se relevèrent point, tandis que les autres continuaient à brouter.

Toutefois, l’un d’eux, une bête magnifique, dont les andouillers se développaient comme la ramure d’un jeune arbre, redressa la tête à ce moment. Ses oreilles s’agitèrent, il tendit son museau vers la lisière, comme s’il eût voulu humer l’air qui lui en arrivait.

Avait-il donc flairé le danger, et n’allait-il pas s’enfuir en entraînant les autres à sa suite ?

Summy Skim en eut le pressentiment, et le sang lui afflua au cœur. Mais, se ressaisissant, il dit à voix basse :

« Feu ! Neluto, et tous deux sur le même, pour être sûrs de ne pas le manquer.

Tout à coup, un violent aboiement se fit entendre, et Stop, que Neluto avait lâché pour épauler sa carabine, s’élança au milieu du troupeau.

Ce ne fut pas long. Une compagnie de perdreaux ne s’envole pas plus vite que ne détalèrent les orignals. Ni Summy Skim ni l’Indien n’eurent le temps de tirer.

« Maudit chien ! s’écria Summy en se relevant furieux.

— J’aurais dû le tenir à la gorge ! dit l’Indien.