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une leçon de boxe.

Peel River, on déciderait dans quelles conditions s’effectuerait la dernière partie de l’itinéraire.

Par un phénomène bien humain d’autosuggestion, tous, à l’exception peut-être de Summy Skim et de Patrick Richardson, partaient pleins d’espoir dans le succès de l’expédition. Et encore Summy Skim se bornait-il à ne pas avoir d’opinion, et à ne pas arrêter son esprit un seul instant sur le but du voyage. Après une longue et stérile hostilité, il se mettait en route joyeux sans savoir pourquoi et débordant d’une irrésistible bonne humeur.

Quant à Patrick, lui non plus n’avait pas d’opinion, en admettant qu’il eût été capable d’en avoir une. La veille du départ, Jane lui avait dit :

« Patrick, nous partons demain.

— Bien, monsieur Jean, » avait répondu le fidèle géant, qui n’avait jamais paru remarquer le changement de sexe de son jeune maître.

Les autres, ceux du moins qui étaient dans la confidence, Ben Raddle, Jane Edgerton, Bill Stell lui-même, admettaient l’existence du Golden Mount et de ses trésors comme un article de foi. Quant au reste de la troupe, il suivait de confiance, sachant seulement que l’on faisait un voyage de prospection dans le Nord, et tous, grisés par un optimisme sans cause, en supputaient à l’avance les résultats. La qualité de Ben Raddle faisait merveille. On se racontait à l’oreille que le Scout lui avait donné un « tuyau », et que l’on marchait à coup sûr vers de fabuleuses richesses que l’ingénieur saurait bien faire sortir de terre d’un seul coup.

C’est dans ces heureuses dispositions que l’on quitta Dawson City. Au sortir de la ville, la carriole conduite par Neluto, et dans laquelle les deux cousins et Jane Edgerton avaient pris place, marcha d’abord d’une rapide allure ; mais bientôt elle dut ralentir son train, que les attelages lourdement chargés ne pouvaient suivre. Cependant il fut possible d’allonger ces pre-