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le volcan d’or.

On ne sera pas étonné que Ben Raddle, avant de quitter Dawson City, voulût s’enquérir une dernière fois de la situation des claims du Forty Miles Creek. Par son ordre, le contre-maître et Neluto se rendirent à l’endroit où se trouvait naguère l’héritage de l’oncle Josias.

La situation était la même. Le 129, comme le 131, comme beaucoup d’autres claims de part et d’autre de la frontière, était entièrement submergé. Le rio, décuplé en largeur par le tremblement de terre, suivait son cours régulier. Le détourner et lui faire réintégrer son ancien lit eût été une besogne impossible peut-être, et, en tous cas, si considérable, si coûteuse, que personne n’y songeait. Lorique revint donc avec la certitude que tout espoir de jamais exploiter ces gisements devait être abandonné.

Les préparatifs furent achevés le 5 mai. Dans l’après-midi, Summy Skim et Ben Raddle allèrent à l’hôpital prendre congé d’Edith et du docteur.

Ils y trouvèrent d’abord les deux cousines qui passaient ensemble cette dernière journée. Edith avait comme toujours son air tranquille et calme. Que pensait-elle de ce voyage ? Bien fin qui eût pu le dire.

« Je n’ai pas d’opinion, répondit-elle à une question que Ben Raddle lui posa sur ce sujet. Chacun mène sa vie à sa guise. L’essentiel est de bien faire ce qu’on fait.

La conversation se prolongea pendant plus de deux heures. Chose étrange, Summy et Jane en faisaient presque exclusivement les frais. À mesure que l’heure avançait, Ben Raddle et Edith gardaient un silence plus obstiné, comme si une idée fixe eût de minute en minute appesanti davantage leur esprit.

Ce fut Summy qui termina joyeusement l’entrevue, quand le moment de se séparer fut arrivé.

— Le programme est : pas de bile ! conclut-il d’une voix éclatante. Donc, soyons gais. Avant l’hiver nous serons de retour, ployant sous le fardeau des pépites !