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le volcan d’or.

Cette grande affaire de l’Hudson Bridge ajoutait encore à ses inquiétudes. Si Ben Raddle y prenait part, ne le retiendrait-elle pas longtemps, des années peut-être, à New York ? Et alors Summy Skim serait seul dans la maison commune, seul à la ferme de Green Valley !

Dès que l’ingénieur fut de retour, son cousin lui apprit la mort de leur oncle Josias, décédé à Dawson City, en laissant pour toute fortune le claim no 129 situé au bord du Forty Miles Creek, sur le territoire du Klondike.

À ce dernier nom, très retentissant alors, l’ingénieur dressa l’oreille. Vraisemblablement, il n’accueillait pas avec la belle indifférence d’un Summy Skim la perspective d’être désormais propriétaire d’un gisement aurifère. Quelle que fût sa pensée à cet égard, d’ailleurs, il ne l’exprima pas sur le moment.

Avec son habitude d’étudier les choses à fond, il désirait réfléchir avant de se prononcer.

Vingt-quatre heures lui suffirent à peser le pour et le contre de la situation, et, dès le lendemain, au cours du déjeuner, il interpellait ex abrupto Summy Skim, qui le trouvait singulièrement absorbé :

« Dis donc, cousin, si nous parlions un peu du Klondike ?

— S’il ne s’agit que d’en parler un peu !..

— Un peu… ou beaucoup, Summy.

— À ton aise ! mon cher Ben.

— Le notaire ne t’a pas communiqué les titres de propriété de ce claim 129 ?

— Non, répondit Summy Skim, je n’ai pas pensé qu’il fût utile d’en prendre connaissance.

— Je te retrouve bien là, mon bon Summy ! s’écria Ben Raddle en riant.

— Pourquoi cela ? objecta Summy. Il n’y a pas lieu, ce me semble, de tant se tracasser pour cette affaire. C’est très simple : ou cet héritage a quelque valeur, et nous le liquiderons au mieux