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le volcan d’or.

Il enrageait à cette pensée. Aussi dissimulait-il sa faiblesse sous les dehors les plus rudes que sa nature bienveillante fût capable d’imaginer.

Ben Raddle, obligé de s’en fier aux apparences, désespérait de jour en jour davantage d’amener son cousin à partager ses idées. Bien qu’il ne fût pas sentimental au même point que celui-ci, il ne laissait pas d’être profondément affligé de la fissure faite dans leur amitié. Le temps s’écoulant sans modifier la situation, il se résigna, un jour qu’il était à l’hôpital, à faire part à Jane Edgerton de l’invincible résistance de Summy Skim. Elle en fut très étonnée. L’opinion de Summy sur le projet qui la passionnait ne l’avait jamais préoccupée. Que cette opinion fût conforme à la sienne propre, cela semblait tout naturel à la jeune prospectrice, qui, d’ailleurs, eût été bien embarrassée de préciser les raisons d’un tel optimisme. Quoi qu’il en soit, étant donné cet état d’esprit, son étonnement eut tôt fait de se transformer en irritation, comme si le malheureux Summy se fût rendu coupable à son égard d’une injure personnelle. Avec son esprit de décision ordinaire, elle alla le trouver incontinent à l’hôtel, bien résolue à lui adresser les reproches que méritait son inqualifiable conduite.

« Il paraît que vous vous opposez à notre excursion au Golden Mount, lui dit-elle sans préambule sur un ton non dépourvu d’aigreur.

— Notre ?.. répéta Summy attaqué ainsi par surprise.

— Je me demande quel intérêt vous pouvez avoir, poursuivit Jane, à empêcher le voyage que nous avons projeté, votre cousin et moi.

Summy passa en une seconde par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

— Alors, balbutia-t-il, vous en êtes, du voyage, mademoiselle Jane ?

— Ne faites pas l’ignorant, répliqua celle-ci avec sévérité. Vous