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le volcan d’or.

— Oui, Summy, répondit Ben Raddle qui paraissait décidé à n’admettre aucune discussion sur ce point.

— Soit, accorda Summy Skim. Et après ?

— Comment, après ! répliqua Ben Raddle en s’animant. Eh quoi ! un tel secret nous aurait été révélé, et nous n’en userions pas ! Nous laisserions d’autres en tirer parti !

Summy Skim, se maîtrisant pour conserver son sang-froid, se borna à répondre :

— Jacques Ledun avait voulu en tirer parti, lui aussi, et tu sais comment cela lui a réussi. Les milliards de pépites de Golden Mount ne l’ont pas empêché de mourir sur un lit d’hôpital.

— Parce qu’il avait été attaqué par des malfaiteurs.

— Tandis que nous, riposta Summy Skim, nous ne le serons pas, c’est entendu… En tout cas, pour aller exploiter cette montagne il faudra remonter d’une centaine de lieues vers le Nord, je présume.

— D’une centaine de lieues, en effet, et même un peu plus.

— Or notre départ pour Montréal est fixé aux premiers jours de mai.

— Il sera retardé de quelques mois, voilà tout.

— Voilà tout ! répéta Summy ironiquement. Mais alors il sera trop tard pour se mettre en route.

— S’il est trop tard, nous hivernerons une seconde fois à Dawson City.

— Jamais ! » s’écria Summy Skim d’un ton si résolu que Ben Raddle crut devoir arrêter là cette trop intéressante conversation.

Il comptait bien d’ailleurs la reprendre par la suite et il la reprit, en effet, malgré le mauvais vouloir de son cousin. Il appuya son projet sur les meilleures raisons. Le voyage s’effectuerait sans difficulté après le dégel. En deux mois, on pourrait atteindre le Golden Mount, s’être enrichi de quelques millions et être revenu à Dawson. Il serait encore temps de repartir pour Montréal, et du moins cette campagne au Klondike n’aurait pas été faite en pure perte.