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le volcan d’or.

le domaine étant resté indivis entre eux comme la maison de Montréal. On y cultivait en grand un sol très fertile en fourrages et en céréales, dont le rendement s’ajoutait à celui de ces bois magnifiques qui recouvrent encore les territoires du Dominion, principalement dans la partie orientale. La ferme comprenait un ensemble de bâtiments bien aménagés, bien entretenus, écuries, granges, étables, basses-cours, hangars, et possédait un matériel très complet, très perfectionné, répondant à tous les besoins de l’agriculture moderne. À l’entrée d’un vaste enclos, tapissé de pelouses et ombragé d’arbres, un grand pavillon, dont la simplicité n’excluait pas le confort, servait de maison de maître.

Telle était l’habitation où Summy Skim vivait le meilleur de sa vie, et où Ben Raddle venait passer quelques jours hâtifs au cours de la belle saison. Le premier, tout au moins, n’eût pas voulu l’échanger contre n’importe quel château seigneurial du plus opulent des Américains. Si modeste qu’elle fût, elle lui suffisait, et il ne rêvait ni d’agrandissements ni d’embellissements, satisfait de ceux dont la nature fait tous les frais. Là s’écoulaient ses journées remplies par les exercices cynégétiques et ses nuits toujours favorisées d’un paisible sommeil.

Contentus sua sorte, ainsi que le recommande la sagesse, Summy Skim se trouvait assez riche du revenu de ses terres qu’il faisait valoir avec autant de méthode que d’intelligence. Toutefois, s’il n’entendait pas laisser sa fortune dépérir, il ne se souciait en aucune façon de l’accroître. Pour rien au monde, il ne se fût jeté dans l’une quelconque de ces innombrables affaires qui pullulent dans la trépidante Amérique, spéculations commerciales et industrielles, chemins de fer, banques, mines, sociétés maritimes ou autres. Non ! Ce sage avait horreur de tout ce qui présente des risques ou simplement des aléas. S’astreindre à supputer de bonnes ou mauvaises chances, se sentir à la merci d’éventualités qu’on ne peut ni empêcher, ni prévoir, se réveiller le matin avec cette pensée : suis-je plus