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le volcan d’or.

Il ne paraissait pas douteux que Jacques Ledun appartînt à une famille occupant un certain rang social. Ce n’était pas un ouvrier. Les lettres de sa mère, écrites de bon style, en témoignaient. Par quelles vicissitudes, par quelles infortunes avait-il passé pour en être arrivé à ce dénûment, à cette fin misérable sur un lit d’hôpital ?

Quelques jours s’écoulèrent. Malgré les soins dont Jacques Ledun était entouré, son état ne s’améliorait pas. À peine s’il pouvait, pour répondre aux questions, balbutier des mots inintelligibles. Qu’il fût en possession de son intelligence, on était même en droit d’en douter.

« Il est à craindre, dit à ce propos le docteur Pilcox, que l’esprit de notre malade n’ait été fortement ébranlé. Lorsque ses yeux s’entr’ouvrent, j’y surprends un regard vague qui me donne à penser.

— Mais son état physique, s’informa Summy Skim, ne s’améliore-t-il pas ?

— Il me paraît plus grave encore que son état moral, » déclara nettement le docteur.

Pour que le docteur Pilcox, si confiant d’ordinaire, tînt ce langage, c’est qu’il avait peu d’espoir dans la guérison de Jacques Ledun.

Cependant Ben Raddle et Summy Skim ne voulaient pas désespérer. À les entendre, une réaction se produirait avec le temps. Quand bien même Jacques Ledun ne devrait point revenir à la santé, il recouvrerait, du moins, son intelligence ; il parlerait, il répondrait.

Quelques jours plus tard, l’événement sembla leur donner raison. Le docteur Pilcox avait-il trop douté de l’efficacité de ses remèdes ? Toujours est-il que la réaction si impatiemment attendue par Ben Raddle commença à se produire. L’état de prostration de Jacques Ledun parut moins absolu. Ses yeux restaient plus longtemps ouverts. Son regard plus ferme interrogeait,