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le volcan d’or.

tionna pour rétablir la circulation. Tout ce qu’il y avait à faire fut fait. Vains efforts qui ne purent le tirer de son état de prostration.

La vie reviendrait-elle dans le moribond qu’on avait ramené ? Le docteur Pilcox refusait de se prononcer.

Jacques Ledun, tel était, on l’a vu, le nom inscrit sur l’adresse des lettres, toutes signées par sa mère, trouvées dans le portefeuille du Français. La plus récente, timbrée de Nantes, avait déjà cinq mois de date. La mère écrivait à son fils : à Dawson City, Klondike. Elle implorait une réponse qui n’avait peut-être pas été envoyée.

Ben et Summy les lurent, ces lettres, qu’ils passaient ensuite à Edith et à Jane Edgerton. Leur émotion à tous fut profonde. Plus d’une crispation de la face la dissimula chez les hommes, tandis que les jeunes filles, malgré leur force d’âme, laissaient librement couler des larmes de pitié. Chaque ligne criait l’amour maternel le plus ardent. C’était une suite ininterrompue de conseils, de caresses et d’appels. Que Jacques se soignât bien, et surtout qu’il revînt et renonçât à son aventureuse poursuite de la fortune ; tel était le vœu incessant de la mère lointaine qui se riait de la misère, à la condition que l’on fût deux pour la supporter.

Ces lettres fournissaient, en tous cas, d’utiles indications sur leur destinataire. S’il succombait, on pourrait ainsi prévenir la pauvre mère du malheur qui la frappait.

Ce qui fut établi par l’ensemble de ces lettres, au nombre d’une dizaine, c’est que Jacques Ledun avait quitté l’Europe depuis deux ans déjà. Il ne s’était pas rendu directement au Klondike pour y exercer le métier de prospecteur. Les inscriptions de quelques lettres indiquaient qu’il avait dû chercher fortune tout d’abord sur les gisements aurifères de l’Ontario et de la Colombie. Puis, attiré sans doute par les prodigieuses nouvelles des journaux de Dawson City, il s’était joint à la foule