Page:Verne - Le volcan d'or.pdf/255

Cette page a été validée par deux contributeurs.
225
exploitation.

— Pourquoi ? puisque nous sommes maintenant fixés, mademoiselle Jane et nous, sur la valeur de nos claims ?

— Dans un mois ou six semaines, nous le serons bien davantage, déclara l’ingénieur, et ce n’est plus quarante mille dollars qu’on nous offrira du 129, ce sera quatre-vingt mille, cent mille dollars !

— Que ferons-nous de tout cela ? s’écria Summy Skim.

— Bon usage, sois-en sûr, affirma Ben Raddle. Ne vois-tu donc pas que la couche devient de plus en plus riche à mesure qu’on avance vers l’Ouest ?

— Oui, mais, à force d’avancer, on finira par arriver au 131, fit observer Summy Skim, et, lorsque nos hommes se trouveront en contact avec ceux de ce délicieux Hunter, je ne sais trop ce qui se passera. »

En effet, il y avait lieu de redouter qu’une lutte s’engageât alors entre les deux personnels qui se rapprochaient chaque jour de la limite mitoyenne des deux placers. Déjà même des injures avaient été échangées, et de violentes menaces se faisaient parfois entendre. Lorique avait eu maille à partir avec le contremaître américain, sorte d’athlète brutal et grossier, et l’on pouvait craindre que ces injures ne dégénérassent en voies de fait, lorsque Hunter et Malone seraient de retour. Plus d’une pierre avait été lancée d’un claim à l’autre… non pas, toutefois, sans qu’on se fût assuré qu’elles étaient veuves de la moindre parcelle d’or.

Dans ces circonstances, Lorique, secondé par Ben Raddle, faisait tout ce qu’il pouvait pour retenir ses ouvriers. Au contraire, le contre-maître américain ne cessait d’exciter les siens, et ne laissait échapper aucune occasion de chercher querelle à Lorique.

La prospection donnait, d’ailleurs, de moins bons résultats en territoire américain, et, pour le moment du moins, le 131 ne valait pas le 129 ; il semblait même que l’enrichissement de la