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le volcan d’or.

« Eh ! petiot, disait la voix, que fais-tu par ici ?

À ces mots, prononcés dans un anglais très intelligible, mais d’une incorrection puissamment comique pour une oreille anglo-saxonne, Jane se retourna et toisa son interlocuteur avec tranquillité.

— Et vous ? dit-elle.

La bouche du gros homme se fendit en un large sourire.

Bon Diou ! s’écria-t-il, en aggravant son accent étranger d’un violent accent marseillais, tu n’as pas froid aux yeux, mon jeune coq ! Voyez-vous ce toupet d’interroger les passants ? Serais-tu de la police, mon pitchoun ?

— Et vous ? dit encore Jane Edgerton.

— « Et vous, » répéta plaisamment le conducteur de la charrette. Tu ne sais donc dire que ça, gamin ?.. Ou bien, peut-être faudrait-il être présenté à monsieur ?..

— Pourquoi pas ? répliqua Jane souriant à demi.

— Rien de plus simple, affirma le joyeux personnage en excitant son attelage d’un léger coup de fouet. J’ai l’honneur de te présenter Marius Rouveyre, le plus important négociant de Fort Cudahy. À ton tour maintenant, pas vrai ?

— Jean Edgerton, prospecteur.

La charrette s’était arrêtée net, Marius Rouveyre ayant involontairement tiré sur les guides dans l’excès de sa surprise. Il les lâchait maintenant et se tenait les côtes, en riant à gorge déployée.

Prospecteur !.. bégayait-il au milieu de son rire. Prospecteur, pécaïré !.. Tu veux donc te faire manger par les loups ?.. Et depuis combien de temps es-tu prospecteur, comme tu dis ?

— Depuis trois heures, répondit Jane Edgerton rouge de colère. Mais voilà plus de deux mois que je suis en route pour arriver jusqu’ici, et je n’ai pas été mangée, il me semble.

— Juste ! reconnut le gros Marius en redevenant sérieux. C’est vrai qu’il est venu jusqu’ici, ce petit !.. N’empêche que tu