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le volcan d’or.

se rendait compte du prix des objets manufacturés. Combien il s’applaudissait d’avoir fait ses acquisitions chez les marchands de Montréal !

« Sais-tu, Ben, ce que coûte une paire de souliers dans la capitale du Klondike ? dit-il à son cousin la veille du départ.

— Non, Summy.

— De cinquante à quatre-vingt-dix francs. — Et une paire de bas ?

— Pas davantage.

— Dix francs. Et des chaussettes de laine ?

— Mettons vingt francs.

— Non, vingt-cinq. — Et des bretelles ?

— On peut s’en passer, Summy.

— Et l’on fait bien, — dix-huit francs.

— Nous nous en passerons.

— Et des jarretières de femme ?

— Cela m’est égal, Summy.

— Quarante francs, et neuf cents francs la robe qui vient de chez la bonne faiseuse. Décidément, en ce pays invraisemblable, on a tout profit à rester célibataire.

— Nous le resterons, répondit Ben Raddle, à moins que tu n’aies l’intention d’épouser quelque opulente héritière…

— Elles ne manquent point, Ben, les héritières… et surtout les aventurières qui possèdent de riches claims sur la Bonanza ou l’Eldorado. Mais, parti garçon de Montréal, j’y rentrerai garçon !.. Ah ! Montréal ! Montréal !.. nous en sommes bien loin, Ben !..

— La distance qui sépare Dawson City de Montréal, répondit Ben Raddle, non sans une certaine ironie, est précisément égale à celle qui sépare Montréal de Dawson City, Summy.

— Je m’en doute, répliqua Summy Skim, mais cela ne veut pas dire qu’elle soit courte ! »

Les deux cousins ne voulurent pas quitter Dawson sans aller