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le chilkoot.

au bout du canal. Mais quelle invraisemblable cohue ! Plus de trois mille émigrants se pressaient dans cet embryon de ville, à l’orée de la passe du Chilkoot.

Désireux de mettre à profit ce temps froid, qui facilitait le traînage, Bill Stell, avec raison, entendait quitter Dyea au plus tôt. À midi on repartit, Ben Raddle et Summy Skim à pied, les deux jeunes filles dans leur traîneau. Il eût été difficile de ne pas admirer les sites sauvages et grandioses que découvrait chaque détour du défilé, ces massifs de pins et de bouleaux couverts de givre qui se hissaient vers la crête, ces torrents que le froid n’avait pu saisir et qui bondissaient tumultueusement jusqu’au fond des abîmes dont la profondeur échappait aux regards.

Le Sheep Camp n’était distant que de quatre lieues. Quelques heures suffiraient à les franchir, bien que la passe se développât en rampes très raides et que les attelages s’arrêtassent fréquemment. Ce n’était pas sans peine que leurs conducteurs les obligeaient à se remettre en marche.

Tout en cheminant, Ben Raddle et Summy Skim causaient avec le Scout. Celui-ci, à une question qui lui fut posée, répondit :

« Je compte bien arriver au Sheep Camp vers cinq ou six heures. Nous y resterons jusqu’au matin.

— Y existe-t-il une auberge où nos deux compagnes puissent prendre quelque repos ? demanda Summy Skim.

— Il y en a, répondit Bill Stell, car le Sheep Camp est un lieu de halte pour les émigrants.

— Mais, interrogea Ben Raddle, est-on certain d’y trouver de la place ?

— C’est très douteux, affirma le Scout. D’ailleurs ces auberges sont peu engageantes. Peut-être serait-il préférable de dresser nos tentes pour passer la nuit.

— Messieurs, dit Edith qui, de son traîneau, avait entendu cette conversation, nous ne voulons pas être une cause de gêne.