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récriminait-il, prodiguant les plus retentissants jurons de sa langue maternelle.

Llanga se tenait près de John Cort et regardait Max Huber. Il ne témoignait aucune crainte, n’ayant pas peur, du moment que ses deux amis étaient là.

Et pourtant l’assourdissant vacarme se propageait avec une violence inouïe, à mesure que s’approchait la chevauchée formidable. Le claironnement des puissantes mâchoires redoublait. On sentait déjà un souffle qui traversait l’air comme les vents de tempête. À cette distance de quatre à cinq cents pas, les pachydermes prenaient, dans la nuit, des dimensions démesurées, des apparences tératologiques. On eût dit d’une apocalypse de monstres, dont les trompes, comme un millier de serpents, se convulsaient dans une agitation frénétique.

Il n’était que temps de se réfugier entre les branches des tamarins, et peut-être la harde passerait-elle sans avoir aperçu le Portugais et ses compagnons.

Ces arbres dressaient leur cime à une soixantaine de pieds au-dessus du sol. Presque semblables à des noyers, très caractérisés par la capricieuse diffusion de leurs rameaux, les tamarins, sortes de dattiers, sont très répandus sur les diverses zones de l’Afrique. En même temps que les nègres