Page:Verne - Le Village aérien, Hetzel, 1918.djvu/342

Cette page a été validée par deux contributeurs.

entendre. Il ne faisait pas un mouvement, pas un geste, comme s’il eût été en état de complète hébétude.

Max Huber s’approcha, et, peu respectueux envers ce souverain, de l’Afrique centrale, il le prit par les épaules et le secoua vigoureusement.

Sa Majesté fit une grimace que n’eût pas désavouée le plus grimacier des mandrilles de l’Oubanghi.

Max Huber le secoua de nouveau.

Sa Majesté lui tira la langue.

« Est-ce qu’il est fou ?… dit John Cort.

— Tout ce qu’il y a de plus fou, pardieu !… fou à lier !… » déclara Max Huber.

Oui… le docteur Johausen était en absolue démence. À moitié déséquilibré déjà lors de son départ du Cameroun, il avait achevé de perdre la raison depuis son arrivée à Ngala. Et qui sait même si ce n’était pas cette dégénérescence mentale qui lui avait valu d’être proclamé roi des Wagddis ?… Est-ce que, chez les Indiens du Far West, chez les sauvages de l’Océanie, la folie n’est pas plus honorée que la sagesse, et le fou ne passe-t-il pas, aux yeux de ces indigènes, pour un être sacré, un dépositaire de la puissance divine ?…

La vérité est que le pauvre docteur était dépourvu de toute intellectualité. Et voilà pourquoi il ne se préoccupait pas de la pré-