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« Ah ! par exemple… c’est trop fort, cela !… » s’écria Max Huber.

Trop fort, en vérité, à moins que quelqu’un n’eût appris à ces sylvestres le secret du mécanisme, et comment on pouvait tirer de ce meuble barbaresque toutes les mélodies renfermées dans son sein !…

Puis la manivelle se remit aussitôt en mouvement. Et alors à l’air allemand succéda un air français, l’un des plus populaires, la plaintive chanson de la Grâce de Dieu.

On connaît ce « chef-d’œuvre » de Loïsa Puget. Personne n’ignore que le couplet se déroule en la mineur pendant seize mesures, et que le refrain reprend en la majeur, suivant toutes les traditions de l’art à cette époque.

« Ah ! le malheureux !… Ah ! le misérable !… hurla Max Huber, dont les exclamations provoquèrent les murmures très significatifs de l’assistance.

— Quel misérable ?… demanda John Cort. Celui qui joue de l’orgue ?…

— Non ! celui qui l’a fabriqué !… Pour économiser les notes, il n’a fourré dans sa boîte ni les ut ni les sol dièzes !… Et ce refrain qui devrait être joué en la majeur :

Va, mon enfant, adieu.
À la grâce de Dieu…

voilà qu’on le joue en ut majeur !