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qu’un onja ne tombe sous la première balle, il est terrible quand il fonce sur le chasseur.

Sa hachette et son couteau aidant, Khamis procéda à l’opération du dépeçage, à laquelle ses compagnons durent l’aider de leur mieux. Il ne fallait pas charger le radeau d’un poids inutile, et vingt kilogrammes de cette chair appétissante devaient suffire à l’alimentation pendant plusieurs jours.

Or, tandis que s’accomplissait ce haut fait, Llanga, si curieux d’ordinaire des choses qui intéressaient son ami Max et son ami John, était resté sous le taud, et voici pour quel motif.

Au bruit de la détonation produite par la carabine, le petit être s’était tiré de son assoupissement. Ses bras avaient fait un léger mouvement. Si ses paupières ne s’étaient pas relevées, du moins, de sa bouche entr’ouverte, de ses lèvres décolorées s’était de nouveau échappé l’unique mot que Llanga eût surpris jusqu’alors :

« Ngora… ngora ! »

Cette fois, Llanga ne se trompait pas. Le mot arrivait bien à son oreille, avec une articulation singulière et une sorte de grasseyement provoqué par l’r de « ngora ».

Ému par l’accent douloureux de cette pauvre créature, Llanga prit sa main brûlante d’une fièvre qui durait depuis la veille. Il rem-