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— Jocko, parbleu !… Tous les singes s’appellent Jocko ! »

Il est probable que ce nom ne convenait pas à Llanga. Il ne répondit rien et retourna auprès de son protégé.

Pendant cette matinée, la navigation fut favorisée et on n’eut point trop à souffrir de la chaleur. La couche de nuages était assez épaisse pour que le soleil ne pût la traverser. Il y avait lieu de s’en féliciter, puisque le rio Johausen coulait parfois à travers de larges clairières. Impossible de trouver abri le long des berges, où les arbres étaient rares. Le sol redevenait marécageux. Il eût fallu s’écarter d’un demi-kilomètre à droite ou à gauche pour atteindre les plus proches massifs. Ce que l’on devait craindre, c’est que la pluie ne reprît avec sa violence habituelle, mais le ciel s’en tint à des menaces.

Toutefois, si les oiseaux aquatiques volaient par bandes au-dessus du marécage, les ruminants ne s’y montraient guère, d’où vif déplaisir de Max Huber. Aux canards et aux outardes des jours précédents, il eût voulu substituer des antilopes sassabys, inyalas, waterbucks ou autres. C’est pourquoi, posté à l’avant du radeau, sa carabine prête, comme un chasseur à l’affût, fouillait-il du regard la rive dont le foreloper se rapprochait suivant le caprice du courant.