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depuis le cap de Bonne-Espérance jusqu’au vingt-troisième degré de latitude nord. Ils fréquentent la plupart des rivières de ces vastes régions, les marais et les lacs. Toutefois, suivant une remarque qui a été faite, si le rio Johausen eût été tributaire de la Méditerranée, — ce qui ne se pouvait, — il n’y aurait pas eu à se préoccuper des attaques de ces amphibies, car ils ne s’y montrent jamais, sauf dans le haut Nil.

L’hippopotame est un animal redoutable, bien que doux de caractère. Pour une raison ou pour une autre, lorsqu’il est surexcité, sous l’empire de la douleur, à l’instant où il vient d’être harponné, il s’exaspère, il se précipite avec fureur contre les chasseurs, il les poursuit le long des berges, il fonce sur les canots, qu’il est de taille à chavirer, et de force à crever, avec ses mâchoires assez puissantes pour couper un bras ou une jambe.

Certes, aucun passager du radeau — pas même Max Huber, si enragé qu’il fût de prouesses cynégétiques — ne devait avoir la pensée de s’attaquer à un tel amphibie. Mais l’amphibie voudrait peut-être les assaillir, et s’il atteignait le radeau, s’il le heurtait, s’il l’accablait de son poids qui va parfois à deux mille kilogrammes, s’il l’encornait de ses terribles défenses, que deviendraient Khamis et ses compagnons ?…