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assez nourrie s’ensuivit. Dix ou douze gorilles et chimpanzés furent blessés avant que le radeau se trouvât sous le pont végétal et, découragés, leurs congénères s’enfuirent sur les rives.

Une réflexion qui vint à l’esprit, c’est que, si le professeur Garner se fût installé dans ces profondeurs de la grande forêt, son sort aurait été celui du docteur Johausen. En admettant que ce dernier eût été accueilli par la population forestière de la même façon que Khamis, John Cort et Max Huber, en fallait-il davantage pour expliquer sa disparition ? Toutefois, en cas d’agression, on eût dû en retrouver les témoignages non équivoques. Grâce aux instincts destructeurs des singes, la cage ne serait pas restée intacte, et il n’y en aurait eu que les débris à la place qu’elle occupait.

Après tout, à cette heure, le plus urgent n’était pas de s’inquiéter du docteur allemand, mais de ce qu’il adviendrait du radeau. Précisément, la largeur du rio diminuait peu à peu. À cent pas sur la droite, en avant d’une pointe, l’eau tourbillonnante indiquait un fort remous. Si le radeau y tombait, ne subissant plus l’action du courant détourné par la pointe, il serait drossé contre la berge. Khamis pouvait bien avec sa godille le maintenir au fil de l’eau, mais l’obliger à s’écarter du remous, ce serait difficile. Les singes de la rive droite vien-