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le testament d’un excentrique

les rhumatismes de son mari, ce fut par la violence. Aidée de son dragon de servante, elle frotta le rhumatisant avec tant de vigueur qu’il faillit y laisser la peau de ses jambes. Jamais âne ou cheval ne fut étrillé de cette façon. Inutile d’ajouter que ni docteur ni pharmacien n’eurent à intervenir, et peut-être le patient ne s’en trouva-t-il que mieux.

Bref, le retard ne fut que de quatre jours. Le 23, les dispositions étaient prises en vue de la continuation du voyage. Il y eut lieu de tirer de la caisse quelques milliers de dollars-papier, et le 24, dès le matin, le mari et la femme se remirent en route, ayant tout le temps nécessaire pour atteindre la capitale mormone.

En effet, le railroad relie directement Chicago à Omaha ; puis, à partir de ce point, l’Union Pacific aboutit à Ogden, et, sous le nom de Southern Pacific, étend sa ligne jusqu’à San Francisco.

Et, à tout prendre, il était heureux que les époux Titbury n’eussent pas été expédiés en Californie, car le voyage se fût allongé d’un millier de milles.

C’est dans l’après-midi du 28 qu’ils arrivèrent à Ogden, importante station, qu’un embranchement met en communication avec Great Salt Lake City.

Là se produisit une rencontre, — non pas entre deux trains, on se hâte de le dire, — mais entre deux des partenaires, rencontre qui devait avoir de singulières conséquences.

Dans cette après-midi, Max Réal, retour de sa visite au Parc National, venait de rentrer à Ogden. De là, il se rendrait le lendemain 29 à Cheyenne afin d’y recevoir le résultat de son troisième coup de dés. Or, en arpentant le quai de la gare, voici qu’il se trouva face à face avec ce Titbury, en compagnie duquel il avait suivi le cortège de William J. Hypperbone et figuré sur la scène de l’Auditorium, pendant la lecture du testament de l’excentrique défunt.

Cette fois, le couple s’était bien gardé de voyager sous un nom d’emprunt. Il ne voulait pas s’exposer de nouveau aux inconvénients dont il avait été victime à Calais. S’il s’était dispensé de se faire