Page:Verne - Le Testament d’un excentrique, Hetzel, 1899.djvu/211

Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
le testament d’un excentrique

— Très bien… la carte des États-Unis…

— Oui… ici est l’Illinois avec Chicago… là est la Floride…

— Oh ! je sais, répondit Turk, qui continuait à gronder sourdement. Dans le temps, nous avons navigué et guerroyé par là, mon commodore !

— Tu comprends, Turk, que, s’il ne s’était agi que d’aller à Thallahassee, la capitale de la Floride, ou à Pensacola, ou même à Jacksonville, c’eût été facile et rapide en combinant les divers trains qui y mènent.

— Facile et rapide, répéta Turk.

— Et, reprit le commodore, quand je pense que cette Lissy Wag cette péronnelle, en sera quitte pour se transporter de Chicago à Milwaukee…

— La misérable ! grogna Turk.

— Et que cet Hypperbone…

— Oh ! s’il n’était pas mort, celui-là, mon commodore !… s’écria Turk en levant son poing comme s’il eût voulu assommer le malencontreux défunt.

— Calme-toi… Turk, il est mort… Mais pourquoi faut-il qu’il ait eu cette absurde idée de choisir dans toute la Floride le point le plus éloigné de l’État… le bout de la queue de cette presqu’île qui trempe dans le golfe du Mexique…

— Une queue avec laquelle il mériterait d’être fouaillé jusqu’au sang ! déclara Turk.

— Car, enfin, c’est à Key West, c’est à cet îlot des Pine Islands qu’il va falloir traîner notre sac !… Un îlot, et même un méchant « os », comme disent les Espagnols, bon tout au plus à supporter un phare, et sur lequel il a poussé une ville…

— Mauvais parages, mon commodore, répondit Turk, et quant au phare, nous l’avons plus d’une fois relevé, avant d’embouquer le détroit de la Floride…

— Eh bien, je pense, reprit Hodge Urrican, que le mieux, le plus court, le plus prompt aussi, sera d’effectuer la première moitié du