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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

tions, qui sont comme obligées entre voyageurs pendant un long itinéraire.

Eh bien, pourquoi pas ?… voudra-t-on demander au sergent Martial.

Quel inconvénient y aurait-il eu à ce que des personnages de haute situation, à même de rendre quelques services au cours d’une navigation sur l’Orénoque, laquelle n’est pas sans danger, se fussent mis en une certaine intimité avec l’oncle et le neveu ?… Cela n’est-il pas dans l’ordre ordinaire des choses ?…

Oui, et, cependant, si l’on eût prié le sergent Martial de dire pourquoi il avait l’intention d’y faire obstacle :

« Parce que cela ne me convient pas ! » se fût-il borné à répondre d’un ton cassant, et il aurait fallu se contenter de cette réponse, faute d’une autre que, sans doute, il se refuserait à donner.

Au surplus, en ce moment, il ne pouvait envoyer promener Son Excellence, et il dut laisser le jeune garçon prendre part à cet entretien, comme il l’entendait.

Le gouverneur fut alors tout porté à interroger Jean sur l’objet de son voyage.

« Vous allez à San-Fernando ?… lui dit-il.

— Oui, monsieur le gouverneur.

— Dans quel but ?…

— Afin d’obtenir des renseignements.

— Des renseignements… et sur qui ?…

— Sur le colonel de Kermor.

— Le colonel de Kermor ?… répondit le gouverneur. C’est la première fois que ce nom est prononcé devant moi, et je n’ai pas entendu dire qu’un Français ait jamais été signalé à San-Fernando depuis le passage de M. Chaffanjon…

— Il s’y trouvait, cependant, quelques années auparavant, fit observer le jeune garçon.

— Sur quoi vous appuyez-vous pour affirmer ce fait ?… demanda le gouverneur.