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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

— Quand tu voudras, Germain.

— Entendu !… Seulement, lorsque je le voudrai, tu ne le voudras pas…

— Et pourquoi ?…

— Parce que mademoiselle de Kermor sera mariée alors…

— Mariée !…

— Oui… car je vais demander sa main…

— Tu vas… s’écria Jacques.

— Pas pour moi… bien sûr… mais pour toi !… »

Et il fit comme il disait, — sans s’arrêter à des objections qu’il jugeait inacceptables.

Jacques Helloch et Jeanne de Kermor comparurent devant le missionnaire en présence de Germain Paterne et du sergent Martial. Puis, sur la demande que lui fit son père :

« Jacques, dit la jeune fille d’une voix profondément émue, je suis prête à devenir votre femme… et ce ne sera pas trop de toute ma vie pour vous prouver ma reconnaissance…

— Jeanne… ma chère Jeanne… répondit Jacques Helloch, je vous aime… oui !… je vous aime…

— N’en dis pas davantage, cher ami, s’écria Germain Paterne. Tu ne trouverais pas mieux ! »

Et le colonel de Kermor attira ses deux enfants qui s’unirent sur son cœur.

Il fut convenu que le mariage serait célébré dans une quinzaine de jours à Santa-Juana. Après les avoir mariés comme chef civil de la Mission, le Père Esperante donnerait aux nouveaux époux la bénédiction nuptiale, qui serait aussi la bénédiction paternelle. Jacques Helloch, libre de sa personne, et dont le colonel de Kermor avait autrefois connu la famille, n’avait aucun consentement à demander. Sa fortune et celle de Jeanne, confiée au sergent Martial, suffiraient à leur assurer une large aisance. Quelques semaines après le mariage, ils partiraient, ils passeraient par la Havane afin d’y voir la famille Eredia. Puis ils retourneraient en Europe, en France,