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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

çaient entre les arbres. Étaient-ce des animaux… étaient-ce des hommes ?…

Il se redressa, il rampa de manière à gagner la crête de la berge, il parvint à se rapprocher de quelques mètres vers la rive, et demeura immobile, regardant…

Il ne vit rien de distinct. Cependant, qu’une certaine animation se produisît à la lisière du massif de l’autre rive, il crut en avoir la certitude.

Devait-il donner l’alarme, ou tout au moins réveiller Valdez, qui dormait à quelques pas ?…

Ce fut à ce dernier parti qu’il s’arrêta, et, touchant l’Indien à l’épaule, il le tira du sommeil.

« Ne bougez pas, Valdez, dit-il à voix basse, et observez l’autre berge du rio. »

Valdez, étendu de son long, n’eut qu’à tourner la tête dans la direction indiquée. Pendant une minute, son regard fouilla les dessous de cet obscur massif d’arbres.

« Je ne me trompe pas, dit-il enfin, il y a là trois ou quatre hommes qui rôdent sur la rive…

— Que faire ?…

— Ne réveillons personne… Il est impossible de traverser le rio en cet endroit… et à moins qu’il n’y ait un gué en amont…

— Mais de l’autre côté ?… demanda Jacques Helloch, en montrant la forêt, qui s’étendait vers le nord-ouest.

— Je n’ai rien vu… je ne vois rien… répondit Valdez, qui s’était retourné sans se relever… Peut-être, n’avons-nous là que deux ou trois Indiens Bravos…

— Que seraient-ils venus faire, la nuit, sur cette rive ?… Non, pour moi… cela n’est que trop certain… notre campement est découvert… Et, tenez, Valdez, voici un de ces hommes qui essaie de descendre jusqu’au rio…

— En effet… murmura Valdez… et ce n’est point un Indien… Cela se reconnaît rien qu’à la manière dont il marche… »