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LE JEUNE INDIEN.

— Sans doute, répondit Valdez, mais où le retrouver ? La peur lui a fait prendre la fuite…

— Ne serait-il pas retourné à la paillote ?…

— C’est peu probable. »

Peu probable, en effet, et, en réalité, cela n’était pas.

Le jeune Indien ne s’était écarté que d’une centaine de pas sur la gauche de la clairière. De là, caché derrière un arbre, il observait les deux étrangers. Lorsqu’il comprit qu’il n’avait rien à craindre d’eux, quand il les vit donner leurs soins à l’Indien, il fit quelques pas en avant de manière à se rapprocher.

Valdez l’aperçut, se redressa, et l’enfant sembla prêt à s’enfuir de nouveau.

« Parlez-lui, Valdez », dit Jacques Helloch.

Le patron de la Gallinetta prononça quelques mots en langue indienne pour appeler le jeune garçon. Puis, après l’avoir rassuré par ses paroles, il l’engagea à les rejoindre. Il lui demanda même de venir les aider à rapporter l’Indien à la paillote…

Non sans un peu d’hésitation, l’enfant parut se décider. À l’effroi qui se peignait sur sa figure succéda une vive douleur, et des gémissements s’échappèrent de sa poitrine.

Il revint à pas lents, et, dès qu’il fut près du corps, il s’agenouilla tout en pleurs.

Ce jeune Indien, de physionomie douce, de constitution vigoureuse, semblait être amaigri par les privations et la misère. Et comment eût-il pu en être autrement dans les conditions où il vivait, au fond de cette forêt déserte, à l’intérieur de cette case, seul avec l’Indien qui gisait sur le sol ? À sa poitrine pendait une de ces petites croix que distribuent les missionnaires catholiques aux prosélytes des missions. Il paraissait intelligent, et comme Jacques Helloch venait de parler en espagnol à Valdez, il dit qu’il comprenait cette langue.

On l’interrogea.

« Comment t’appelles-tu ?…