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LE SERGENT MARTIAL ET SON NEVEU.

Oui et non.

Ainsi qu’il ressort de la conversation de MM. Miguel, Felipe et Varinas, le bas Orénoque de Ciudad-Bolivar à l’embouchure de l’Apure ne présentait aucun danger. Sa partie moyenne, entre cette embouchure et San-Fernando de Atabapo, exigeait certaines précautions, surtout en ce qui concerne les Indiens Quivas. Quant au cours supérieur, il n’est rien moins que sûr, les tribus qui le fréquentent étant toujours en état de pleine sauvagerie.

On ne l’a pas oublié, il n’entrait pas dans les desseins de M. Miguel et ses deux collègues de dépasser la bourgade de San-Fernando. Le sergent Martial et son neveu iraient-ils plus loin ?… Le but de leur voyage ne se trouvait-il pas au-delà de cette bourgade ?… Des circonstances imprévues ne les entraîneraient-elles pas jusqu’aux sources de l’Orénoque ?… C’est ce que personne n’était en mesure de savoir, c’est ce qu’ils ne savaient pas eux-mêmes.

Ce qui était certain, c’est que le colonel de Kermor avait quitté la France depuis quatorze ans pour se rendre au Venezuela. Ce qu’il y faisait, ce qu’il était devenu, à la suite de quelles circonstances il avait voulu s’expatrier, sans même avoir prévenu son vieux compagnon d’armes, peut-être la suite de cette histoire l’apprendra-t-elle ? On n’aurait rien pu trouver de précis à ce sujet dans l’entretien du sergent Martial et du jeune garçon.

Ce que tous deux avaient fait, le voici.

Trois semaines auparavant, après avoir quitté leur maison de Chantenay, près Nantes, ils avaient été s’embarquer, à Saint-Nazaire, sur le Pereire, paquebot de la Compagnie transatlantique, à destination des Antilles. De là, un autre navire les avait transportés à La Guayra, le port de Caracas. Puis, en quelques heures, le chemin de fer les avait conduits à la capitale du Venezuela.

Leur séjour à Caracas ne dura qu’une semaine. Ils ne l’employèrent point à visiter cette cité, sinon curieuse, du moins pittoresque, puisque, de sa partie basse à sa partie haute, la différence d’altitude se mesure par plus de mille mètres. À peine eurent-ils le loisir de