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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

être remise à l’eau, près de la Moriche qui se balançait au bout de son amarre.

Valdez et Parchal, aidés de leurs hommes et des péons, avaient mené à bonne fin cette besogne. Le commissaire fut très satisfait, et l’une comme l’autre des deux falcas lui parurent être dans des conditions excellentes pour le reste du voyage.

Il n’y avait plus qu’à traîner la Gallinetta sur la grève, et, une fois en pleine flottaison, à replacer le rouf, à planter la mâture, à embarquer le matériel. Le soir même, Jean et le sergent Martial pourraient s’y réinstaller, et le départ s’effectuerait dès que l’horizon se blanchirait des premières lueurs de l’aube.

En ce moment, le soleil déclinait derrière ces vapeurs empourprées, qui annonçaient la brise de l’ouest, — circonstance favorable dont il convenait de profiter.

Tandis que les mariniers et les péons prenaient les dispositions relatives à la mise à l’eau de la Gallinetta, M. Manuel Assomption, ses fils et les passagers des pirogues, se promenaient le long de la grève.

Au milieu de ces gens qui prêtaient la main à la manœuvre, le commissaire distingua Jorrès, d’un type physique si différent de ses compagnons.

« Quel est cet homme ?… demanda-t-il.

— Un des bateliers embarqués sur la Gallinetta, répondit Jacques Helloch.

— Ce n’est pas un Indien…

— Non, il est Espagnol.

— Où l’avez-vous pris ?…

— À San-Fernando.

— Et il fait le métier de marinier de l’Orénoque ?…

— Pas d’habitude, mais il nous manquait un homme, et cet Espagnol, qui avait l’intention de se rendre à Santa-Juana, s’étant offert, le patron Valdez a accepté ses services. »

Jorrès n’était pas sans avoir observé qu’on parlait de lui, et, tout