Page:Verne - Le Superbe Orénoque, Hetzel, 1898.djvu/287

Cette page a été validée par deux contributeurs.
257
UNE HALTE DE DEUX JOURS À DANACO.

On était à l’époque de la récolte du caoutchouc, — récolte prématurée cette année. D’habitude, elle ne commence qu’en novembre pour se continuer jusqu’à la fin de mars.

Aussi, M. Manuel de dire :

« Si cela peut vous intéresser, messieurs, je vous montrerai demain comment on procède à cette récolte.

— Nous acceptons très volontiers, répondit Germain Paterne, et j’en ferai mon profit…

— À la condition de se lever de grand matin, observa le commissaire. Mes gomeros se mettent au travail dès le point du jour…

— Nous ne les ferons pas attendre, soyez-en sûr, répondit Germain Paterne. Ça te va-t-il, Jacques ?…

— Je serai prêt à l’heure, promit Jacques Helloch. — Et vous, mon cher Jean ?…

— Je ne manquerai pas cette occasion, répondit Jean, et si mon oncle est encore endormi…

— Tu me réveilleras, mon neveu, tu me réveilleras, j’y compte bien ! répliqua le sergent Martial. Puisque nous sommes venus dans le pays du caoutchouc, c’est bien le moins que nous sachions comment on fait…

— La gomme élastique, sergent, la gomme élastique ! » s’écria Germain Paterne.

Et l’on regagna l’habitation, après une promenade qui avait duré toute l’après-midi.

Le souper réunit les hôtes du commissaire à la même table. La conversation porta principalement sur le voyage, sur les incidents survenus depuis le départ de Caïcara, l’invasion des tortues, le coup de chubasco qui avait compromis les pirogues et la vie de leurs passagers.

« En effet, affirma M. Manuel, ces chubascos sont terribles, et le haut Orénoque n’en est point exempt. Quant aux invasions de tortues, nous n’avons pas à les craindre sur nos territoires, qui n’offrent pas de plages propices à la ponte, et ces animaux ne s’y rencontrent guère qu’isolément…