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UNE HALTE DE DEUX JOURS À DANACO.

rence d’un homme vigoureux encore, le teint basané, la physionomie intelligente, le regard plein d’ardeur, sachant se faire obéir, car il savait commander, mais bon, attentif, prévenant pour les Indiens engagés à son rancho.

C’étaient des Mariquitares, l’une des meilleures races autochtones du Venezuela, et le village, qui avait été fondé autour du rancho, possédait une population uniquement mariquitare.

Lorsque les passagers eurent accepté l’hospitalité offerte par le commissaire, des ordres furent donnés pour que l’on procédât immédiatement à la réparation des avaries de la Gallinetta. Il allait être nécessaire d’en débarquer le matériel, de la tirer sur la grève, de la retourner pour calfater ses fonds. Avec les ouvriers que le commissaire proposait de mettre à la disposition de Valdez, ce travail serait certainement achevé en deux jours.

Il était alors sept heures du matin. Temps couvert, nuages très élevés, sans menace de pluie, température supportable, ne dépassant pas vingt-sept degrés centigrades.

On partit dans la direction du village, enfoui sous l’épais dôme des arbres, et qu’un demi-kilomètre séparait de la rive gauche.

Manuel Assomption, Jacques Helloch et Jean précédaient, en suivant un large sentier, bien tracé, bien entretenu, le sergent Martial et Germain Paterne.

Tout en marchant, le commissaire faisait admirer aux voyageurs les riches produits du rancho, dont les cultures s’étendaient presque jusqu’au fleuve, ses plants de manguiers, citronniers, bananiers, cacaoyers, palmiers de l’espèce macanille, — auxquels le sergent Martial trouvait que ce nom convenait parfaitement. Au-delà se développaient de vastes bananeraies en plein rapport, des champs de maïs, de manioc, de canne à sucre, de tabac. Quant aux caoutchoucs, ces euphorbiacées formaient la principale récolte du domaine, et aussi les tonkas, arbrisseaux qui donnent cette fève appelée sarrapia.

Et M. Manuel de répéter :

« Si votre compatriote vient nous revoir, quel changement il trou-