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LE SUPERBE ORÉNOQUE.

— Pendant huit jours, si vous le voulez, monsieur… Danaco est à jamais ouvert aux compatriotes du Français Truchon, auquel les planteurs du haut Orénoque doivent de la reconnaissance.

— Nous savions que nous serions parfaitement accueillis, monsieur Manuel… affirma Jean.

— Et comment le saviez-vous, mon jeune ami ?…

— Parce que cette hospitalité que vous nous offrez, vous l’avez offerte, il y a cinq ans, à l’un de nos compatriotes qui a remonté l’Orénoque jusqu’à ses sources…

— M. Chaffanjon ! s’écria le commissaire. Oui ! un audacieux explorateur, et dont j’ai conservé bon souvenir, ainsi que de son compagnon, M. Moussot…

— Et qui en a conservé un non moins bon de vous, monsieur Manuel, ajouta Jean, comme des services que vous lui avez rendus, — ce qu’il a consigné dans le récit de son voyage.

— Vous avez ce récit ?… demanda Manuel avec un vif sentiment de curiosité.

— Je l’ai, répondit Jean, et, si vous le désirez, je vous traduirai le passage qui vous concerne…

— Cela me fera plaisir », répondit le commissaire, en tendant la main aux passagers des falcas.

Et, dans ce récit, non seulement il était parlé en termes excellents de M. Manuel Assomption et de son établissement de Danaco, mais aussi de ce M. Truchon, qui valait aux Français d’être en grand honneur sur le cours supérieur du fleuve.

M. Truchon vint, il y a quelque quarante ans, fonder un établissement en ce territoire du haut Orénoque. Or, avant lui, les Indiens n’entendaient rien à l’exploitation du caoutchouc, et c’est grâce aux procédés qu’il introduisit que cette exploitation si fructueuse a fait la fortune de ces lointaines régions. De là cette légitime popularité du nom français dans toutes les provinces dont cette culture forme la principale industrie.

Manuel Assomption comptait soixante ans d’âge. Il avait l’appa-